
La carapace fissurée
Pastel sec, 50x50 cm
Mon corps est mon armure, après avoir été mis en pension, parce que ma mère ne pouvait pas s'occuper de nous, j'ai appris à utiliser mon corps pour me défendre, culte de la force, combat de rue en pension... malgré cela, je restais l'un des plus faibles. Les combats se passaient dans un ancien garage souterrain, désaffecté. La punition pour la perte d'un combat était la brûlure à l'acide. Donc la plupart de mes cicatrices viennent de là.
Étant plus faible, j'ai dû apprendre à me renforcer pour accepter les coups, les supporter et les rendre.
Ensuite, est venue l'adolescence, les gangs, de nouveaux les bagarres, les arrestations et les coups de la police... mais bon je ne leur en veux pas, j'ai pu en rendre un peu🤣🤣.
Enfin l’âge adulte. Cette fois l'armure s'est fissurée, plus question de se battre : mes enfants ont vu le jour. Là... les vraies blessures, celles qui tuent lentement sont apparues... leurs éloignements et les manigances qui se sont faites chaque jour pour m'atteindre au plus profond de moi ont fonctionné. Mon fils, à qui on a interdit de me voir, et que je n'ai récupéré qu'à l'âge de 16 ans. Ma fille que l'on m'a enlevée et éloignée de moi dès l'âge de 10 ans, vers l’Espagne, loin sur l’île d’Ibiza, que je n'ai récupéré qu'au cours de l'année 2016...
Mon stage de SDF, à dormir dans ma voiture...
Mes coups de poings avec des SDFs qui voulaient prendre domicile dans mon véhicule, les flics avec leurs contrôles incessants...
La faim... on parle souvent de la soif, mais la faim... elle te ronge, ma peau a, à ce moment-là, commencée à se dégrader, puis sont venus les emmerdes, soucis de pensions alimentaires, mensonges à mon égard, tellement que même mon fils y croit encore... c'est dire.
Toutes ces choses ont détruit mon système humanitaire, mon propre corps, du moins ses défenses, se sont retournées contre moi, attaque de ma peau, blessures spontanées, irritations sans raisons apparentes, perte de mon épidermes jusqu'à 70%, selon mon dermato, me demandant, comme cela se faisait que j'étais encore en vie... diagnostic de l'hosto, faux positif a une sorte de lymphome... mais heureusement pour moi, mon mal est une érythrodermie... je te laisse aller voir, à quoi cela peut ressembler. Et depuis dès que j'ai un stress très important, les symptômes apparaissent.

Bref, je reste solide. D'où le fait que le credo des assassins me parle beaucoup, particulièrement cette partie "rien n'est vrai, tout est permis..." puéril mais tellement rafraîchissant. Voilà, je ne peux pas tout mettre par écrit, trop de choses se sont passées.
Pour mon tatouage, symbole de ma recherche d'apaisement, "ci vis pacem para bellum", savoir que même si mon air pacifique est agréable pour beaucoup... la bête reste là... sage et passive, jusqu'à ce que je la réveille pour détruire ce qui me nuit.

La masculinité… tellement dévoyée par le joug patriarcal. Cependant, appréhendée par tout un chacun de manière différente. De ma fenêtre, elle se traduit d’être présent en tant que mâle, du point de vue écologique et physiologique, écologique appréhension de son environnement immédiat, exploitation de ce dernier pour la survie du « clan » au sens large du mot. Être sociable et bienveillant quand il le faut, impitoyable lorsqu’il le faut. Veiller sur sa « portée » quand cela s’avère nécessaire. Pouvoir monter au combat pour épauler ses frères et sœurs de meute. Oui… de meute, nous, les hommes, avons cet esprit de meute, de manière instinctive. Malgré notre humanité, nous fonctionnons un peu à la manière des loups. Pourtant cette humanité nous permet aussi de nous transmuter en lion, pour notre premier cercle familial… cette capacité ancrée au fond de notre subconscient nous permet de rester « maître » de notre territoire « personnel ». Cela permet aussi la transmission de notre savoir, ceci de manière universelle. La masculinité se traduit aussi, pour moi, par la présence insistante de notre sexe. Ce dernier étant le représentant absolu de notre statut de mâle, du point de vue physique. Mais si je dois retenir une seule chose de cette masculinité, de sa représentation, ce serait « Être là, debout, à affronter vents et marées, à protéger, à oser, à enseigner et construire. »
Cependant, j’y poserai une grande nuance. Certaine femme, certaines maîtresses femmes, ont cette caractéristique. A ce moment-là, cette masculinité, cette masculinité devient une « capacité » développée par nécessité. Je n’oublie pas que seul un chromosome nous différencie, même s’il détermine beaucoup de choses.
Pour moi, la vulnérabilité au masculin implique de savoir admettre que nous restons faibles et faillibles, fragiles. Face à certaines situations imposées par la route de la vie, tant tôt plate et sereine, tant tôt irrégulière et dangereuse. Il existe tant de situations différentes qui peuvent nous obliger à la laisser sortir, l’affronter, la traverser, et parfois être obligé de faire amande honorable devant sa toute-puissance. Mettre genoux à terre et courber l’échine, pour laisser passer la douleur, la frustration, prendre à bras le corps l’acceptation de notre incapacité et devant la toute puissance de la vie, dans sa globalité, et faire preuve d’humilité devant et aux yeux de tous… traverser l’humiliation, toute personnelle, du jugement par les autres, mâle ou femelle.
Ne pas pouvoir tenir ses larmes cachées, se laisser aller sur l’épaule de quelqu’un. Un mâle qui arrive à ce stade est aussi fragile qu’un nouveau-né. Tremblant et craintif. Ces états ont le pouvoir de nous réduire à néant, à nous tuer littéralement… ou bien de faire de nous des prédateurs vidés de toute humanité. Un mâle pour qu’il soit complet, et ceci n’engage que ma pensée, doit avoir vécu, ne serait-ce qu’effleurer ces états. Pour gagner cette sérénité qui permet d’avancer et de créer du renouveau, si vital à notre espèce.
Arkange